Fes le 02/11/20.. à
18 :44 Des nouvelles de ces recettes Azriwi de Mama
Mama et Badiعa regardent la télévision. Chmissa
(qui veut dire « Soleil ») présente son émission culinaire. Celle-ci,
comme à son habitude, minimise la conception de la recette du jour, si
compliquée selon certains, en "petites choses", on croirait insignifiantes :
radi n’dirرou "*chi حwiyejaت" d’yalena ! avance-t-elle
nonchalamment. (On fera des p’tites choses à nous) حwiyejaت est diminutif de حajaت....
Chez-nous, au fait, plusieurs termes tendent vers le diminutif, remarque
Badiعa, mais ils n’ont pas le sens péjoratif
comme chez les français. Vous n’avez qu’à faire plus attention autour de vous : mra
est souvent appelée mriwa à titre d’exemple ! Mra, c’est
une femme au sens complet du mot. Mriwa change de sens suivant les
situations ; c’est toute une notion de la femme au sein de la famille ou
de la société qui rentre dans le jeu connotatif pour désigner une femme. Le mot
mriwa, p’tite femme, est souvent accompagné d’adjectifs qualificatifs
comme zouina jolie ou driyefa gentille ouu mriiiwa hadi عafrرiiiتa (petite femme est celle-ci, une vraie démone),
au sens de capable ; c’est le sens petit mélioratif de « petite femme »
qui peut signifier entre autres la douceur, la gentillesse, ou beaucoup plus
que ne peut faire une femme ordinaire selon la conception commune de toute une
société. J’ai l’impression que la mesure de reconnaissance des capacités d’une
femme dans notre milieu social est forcément minimisée à travers les usages de
langage, aussi bien chez l’homme que chez la femme. En d’autres lieux mriwa
prend le sens de femmelette, attribué à un homme ou efféminé ou reconnu pour
être faiblard et lâche.
Les exemples chez-nous
des diminutifs adoptés tels des tics de langage courant sont multiples ;
ainsi makla devient mwikla. Makla repas au sens plein, mwikla
en tant que p’tit repas au sens souvent raffiné, affectif, celui qui répond aux
goûts habituels au palais qui les apprécie depuis l’enfance. J’ajouterai un
autre exemple, celui de tajine qui se réduit en twijène. Tajine en
tant que plat vulgaire, je dirais par rapport au twijène, plat
raffiné ; cela dépend de la personne qui l’évoque ou le désire, elle dira je
veux twijène d’llefت, viande aux navets,
c’est plutôt affectif, ou je veux tajine d’elberقouق, viande aux prunes, celui-ci est un
plat classique de fête. Pour place/ blaça,
on dit souvent bliyeça c'est-à-dire placette qui vient de place et qui
connote souvent la grandeur, on dit bliiiyeça hadi en appuyant sur le i
dans le sens de l’admiration et l‘envie. Vous pouvez deviner autant de
substantifs réduits et leur trouver les significations que vous voulez, la liste
est longue et les interprétations sont variées. Comme si on voulait par cet
emploi dans certains cas de diminutifs, éviter la matraque du mot pris dans sa
globalité, dans son sens plein. Alors on pratique l’euphémisme pour adoucir
tout effet susceptible de soulever chez son interlocuteur ou son public une
réaction indésirable. C’est le cas de Chmissa. Celle-ci a simplement
l’intention d’atténuer la facture des ingrédients. Comme si tous les marocains
qui la regardent assidument chaque jour à la même heure, pouvaient se procurer
tout ce qu’elle cite et utilise pour ses recettes
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