vendredi 7 décembre 2012

La Complainte des Bonnes



Badiعa se rappelle toutes ces discussions de femmes dont le sujet principal évoque les méfaits des Bonnes. En quelque sorte oui ! Qu’est ce qui les pousse à quitter leur terroir et venir travailler chez des gens en ville ? Si on pouvait recenser toutes les invectives à l’égard des Bonnes, la liste serait interminable, toutefois j’en ai retenu le comble à mon sens, écoutez : On leur accorde des stages de bonne domesticité payants, avance la femme au foyer..On les entretient à part entière, soutient la femme hors cadre.. Y compris leurs parents, renforce la femme d’intérieur.. On supporte leur ignorance, se plaint l’enseignante.. Leur casse, ajoute l’avocate.. Leurs saletés, s’en dégoûte la laborantine.. Leurs poux, s’écœure l’esthéticienne.. Leurs fourberies, dénonce la femme d’affaires.. et leurs mensonges, ajoute la commerçante.. Tout ce qu’elles nous dérobent et donnent à leurs proches, se plaint l’ingénieur d’état.. Il faudrait prévoir des écoles de Bonnes dans notre pays, propose la sociologue.. Les éduquer en matière de civilités, adjoint la députée.. Leur apprendre le minimum de propreté à entretenir dans nos maisons, se contente de dire la femme médecin.. Et ces cuisines qu’elles rendent ordurières, s’empresse de souligner madame X.. Si la maîtresse de maison les laisse faire à leur guise, c’est la débâcle, argue la maîtresse conférence.. Elles encrassent le sol avec leurs pieds mouillés d’eau utilisé à tort et à travers, vous verrez seau serpillière balais torchons bassine et tous les détergents éclaboussés, s’indigne l’agronome.. Tout le lot stock du mois payé, surpayé en dégâts impayés du mal employé, évalue la chef d’entreprise.. Tout ce qu’elles rencontrent sur leur chemin est saccagé sans scrupules, remarque l’employée de banque.. Ce n’est jamais eux qui perdent, ajoute Mama.. Que d’éclaboussures infectes, de résidus dans les placards rendus débarras fouillés à profanation, blâme L.. Et combien de débris de casse et d’ordures traînant un peu partout, dissimulés dans les coins, sous les tables tapis ya mémeti ! se rappelle Badiعa.. Oui sans scrupules et le maître désordre continue, car elles ont l’art de chambouler l’ordre dans les placards de rangements, les armoires, les tiroirs tout est fouiné, chiffonné. Et combien de temps il faut consacrer à chacune, se plaignent les soi-disant maîtresses de foyer violés.. À supposer qu’elles aient déjà travaillé chez d’autres familles, cela revient au même car il faut en permanence veiller à leur inculquer le minimum utile de ménage conforme à vos normes, et qu’elles réalisent à peine, combien molles et insensibles à vos remarques…
Oui moi aussi je connais la chanson..le va et vient, le bavardage continu et l’eau gaspillée..  Elles oublient toutes les pratiques élémentaires, les plus évidentes comme bien laver la vaisselle qui ne passe pas en machine, ou passer une serpillière propre sur le sol, ou juste un balai comme il faut. Car elles te bousilleront vite l’aspirateur et autres appareils électroménagers, le fameux un-deux-trois, le grille-pain, le four électrique multi usage, le lave-linge.. Oui, comme leurs doigts les démangent sidi yeعefou (Dieu épargne-nous), elles n’hésitent nullement à vouloir faire fonctionner ces appareils, sans demander ni permission ni explication ! Et voilà que ça craque, tout le système s’altère, le matériel saboté tombe en panne.. Et tu oublies tous les évacue eau obstrués ? Non ! Ce n’est pas la peine d’avoir recours à nos soi-disant ouvriers ou techniciens pour la réparation de quoi que ce soit, ce ne sera pas fait tout simplement ; c’est de l’argent gaspillé pour rien, faut tout renouveler.. Et si vous avez le malheur de leur apprendre à utiliser le fer à repasser à vapeur, elles cassent la fermeture de l’entonnoir qui reçoit l’eau, c’est le court-circuit provoqué par le contact eau électricité ! Et après !? Un service thé nappe ou drap brûlés et prises d’alimentation grillées.. On les supplie de faire briller une vitre, ce sont les murs qui en pâtissent, car elles montent sur les rampes des fenêtres en posant leurs sales pattes sur les sofas des salons, plaquent leurs paumes sales sur toutes les surfaces à côté.. et voilà la maîtresse propreté régner dans les lieux assujettis à celles qui viennent directement des campagnes, cuirassées, pour « faites-vous servir-mesdames et messieurs »..
 Si vous n’avez pas les yeux d’Argus, si vous ne vous trouvez pas à la maison, vive le sabotage et la triche, si vous faites des remarques, elles rechignent et menacent de partir, le travail ne manque pas, clament-elles victorieuses et cyniques. Il faut les laisser faire ce qu’elles veulent. Laisse-moi faire cherli (mon travail), m’ont dit plusieurs d’entres les malheureuses ou futées que j’ai amenées ! 
Laissez-les se distraire dans leurs besognes bâclées, fermez les yeux et les oreilles. Elles sont si distraites surtout lorsqu’elles sont absorbées par leur musique Chiخates chaعbi (pop folklorique) à forte tonalité, vous rendant la cuisine insupportable. Ajouté à cela les odeurs nauséabondes que dégagent leurs sueurs malgré tous les déodorants et les bains-douche qu’on leur achète. Elles vivent gratis à tout temps, pleines, adjoint Mama au lot..Pour un travail minable de quelques petites heures durant une longue journée qu’elles partagent entre dodo-sieste après de somptueux repas, prises de dégustation pour plus d’une heure à chaque repas digéré en chantonnant des airs raye ou Najat Tabou ya lalla ! Et lorsqu’elles vous dandinent leurs fesses rebondies dans les divers endroits de la maison, quand elles ne passent pas des heures interminables à regarder la Tv Douzime qui présente des séries feuilleton en continu et qu’elles ont la rage de suivre, interrompant toutes tâches au nez des invités présents… Faut leur prévoir radio-casette ou cd et tv à la cuisine wzid wzid et encore plus… 
Alors viens-toi maîtresse de foyer qui travaille dehors, écrase ta rage pour ne pas faire des remarques qui les désabuseraient, on est au temps des « حhouقouقs l’iأnesane » les Droits de l’Homme.. Faut pas gueuler, sinon au secours services Bonijustice : entre nous le Tribunal ! Viens-toi Maîtresse à la santé et temps envolés, prépare les plateaux repas express steak frites, salade verte fruitée, riz pilaf pour toute la famille Bonifiée. Les séries Tv leur font craquer les synapses à ces jeunes filles sentant le mariage en l’air, diffusé par les films mexicains et turcs, doublement enchanteurs. 
C’est ça ?! les Bonnes que vous voulez, s’exclame Badiعa, a wili weحdi waعedi, oh my Godo o ma poisse ! Je te jure ce sont là les phrases litanie d’un tas de femmes rencontrées.. et celles de mes collègues libérées de la classe se reposant dans la salle des professeurs à la récréation des élèves, si elles ne se passent pas des petits papiers noircis par les nouvelles recettes de Chmissa, elles tracent leur cercle autour du chrale (des besognes domestiques).. Et les litanies Bonnes présentes, Bonnes absentes, tarifiées, continuent…Ah les damnées de la Une du sacré journal des femmes urbaines..et celles à urbaniser… Et celles des quaydat (cheftaines) des associations bénévoles, tu les oublies ? Je ne fais que rapporter, c’est notre « *Complainte du progrès » pour rejoindre celle de *Boris Vian des années 50.

Un métier humanitaire
« C'est un vrai bonheur de pouvoir améliorer la qualité de vie des gens, j'aurais dû choisir le métier d'assistante de vie aux familles, bien plus tôt », s'exclame Anyvonne Poulailleau 54 ans.. Je tombe sur cet article par hasard de cette femme qui a enfin découvert sa vocation après deux ans, suite à un licenciement économique.. L'usine de confection qui l'employait depuis 34 ans met alors en place une cellule de reclassement qui lui offre l'opportunité de mener une Évaluation en Milieu de Travail EMT qu'elle effectue en maison de retraite.. Un projet qui correspond à son désir de s'investir dans l'aide aux personnes et qui la pousse ensuite à suivre une formation au titre professionnel d'Assistante de vie aux familles ADVF. Pendant six mois elle acquiert les connaissances et les gestes techniques propres à son nouveau métier qu'elle met en pratique lors de trois stages à l'issue desquels elle est embauchée par l'ADMR association d'aide à domicile en milieu rural. Elle affirme que c’est un métier de contact, ce qu’elle fait présentement.. chaque mois elle s'occupe de 20 à 25 foyers pour un total de plus de 140 heures et un salaire avoisinant le SMIC.. Ce qui plaît à Anyvonne c'est qu'elle apporte une aide aussi bien à des personnes âgées qu'à des familles pour s'occuper des enfants, un service plus récemment développé par l'ADMR.. Dans ma précédente activité, déclare-t-elle, on fonctionnait au rendement, il n'y avait aucune humanité, aujourd'hui je me sens utile et reconnue dans mon travail, c'est un métier où on vous dit tout le temps merci, raconte Anyvonne.. Une motivation à toute épreuve qui lui fait oublier la fatigue..  « Avant, quand je faisais le ménage chez moi, témoigne-t-elle, j'étais épuisée au bout de deux heures, maintenant que je le fais pour d'autres je peux enchaîner cinq heures d'entretien sans problème car ça me fait plaisir d'aider les gens.. »
Eh oui ! c’est ça qui manque chez-nous dire Merci !...car on ne pense qu’à l’argent déboursé et jamais aux efforts accomplis d’une part et de l’autre, c’est rarement qu’on fait son boulot avec plaisir adjoint à la compétence…, constate Badiعa désengagée de la quête des Bonnes.
Anyvonne, ne veut pas s’arrêter à ce niveau et voit d’autres possibilités d’évoluer dans son métier, lit-elle avec attention….
 Oui, aide à domicile de vie familiale !  ADVF c’est tout un art, une technique, de la théorie, et de la pratique.. beaucoup de savoir-faire, de l’expérience en ménage.. C’est toute une éducation, un enseignement….c’est un métier toute beauté qui demande beaucoup de forces, de patience et d’amour du prochain.
C’est époustouflant si on arrivait à ce stade de développement dans le cadre d’Assistante De Vie de Famille sans faire appel à ces Philippi- niaises, Malaisie-nases, ou autres bufflesses qu’on paie à la peau de fesse, on ne traiterait plus nos domestiques comme des bêtes et elles seraient rémunérées en fonction de leurs performances et compétences.. Mais comment y arriver ? Un vrai périple comme toute autre possibilité d’évoluer dans nos pays où le vent de la Révolution souffle enfin…

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